Dans les bas-fonds rizicoles du PDA4, une transformation silencieuse est en cours. Sur des parcelles autrefois épuisées par les intrants chimiques et affectées par les effets du changement climatique, de nouvelles pousses vertes apparaissent : celles du haricot mungo et du haricot blanc, deux légumineuses capables de régénérer les sols tout en générant un revenu additionnel pour les producteurs. Cette innovation agroécologique, introduite pour la première fois en 2022 dans le cadre du projet TAERA financé par l'Union européenne, est désormais portée à l'échelle par le PARSAD, avec l'appui technique du CCR-B et de Rikolto. Elle s'inscrit dans une ambition claire : rendre la production rizicole plus durable, plus rentable et plus résiliente.
Pourquoi cette rotation ? une réponse à l'épuisement des sols
L'utilisation excessive d'intrants chimiques et la pression climatique ont fragilisé les écosystèmes agricoles. Les rendements stagnent, la fertilité diminue et la biodiversité recule. Le recours à des légumineuses à cycle court, comme le haricot mungo (2,5 mois) et le haricot blanc (3 mois), constituent une alternative efficace pour fixer l'azote de manière naturelle, améliorant la structure des sols et réduisant la dépendance aux engrais. Pour faciliter l'adoption de cette pratique, le PARSAD s'appuie sur un pool de conseillers agricoles déployé dans les 24 sites de Champs ‑ Écoles Paysans (CEP).
Six pilotes du CEP ont été retenus pour accueillir les légumineuses, avec un dispositif rigoureux :
- diagnostic participatif préalable ;
- sensibilisation sur les bénéfices agronomiques et économiques ;
- installation des parcelles d'essai (2/3 haricot mungo, 1/3 haricot blanc sur 2 500 m²) ;
- contractualisation avec les Unions Communales Agricoles ;
- animation régulière des CEP selon un programme quinzaine ;
- implication directe des 203 producteurs participants (dont 52 % de femmes et 14 % de jeunes).
Alors que les premières récoltes de haricot mungo débutent, les effets qualitatifs sont déjà visibles :
- baisse progressive des besoins en engrais chimiques ;
- génération de revenus additionnels dès la première récolte ;
- enrichissement des sols en azote et de leur structure ;
- disponibilité d'aliments riches en protéines et fibres pour les ménages.
Certaines observations, comme la croissance végétative très élevée du niébé à Agondokpo, confirment la richesse du sol en azote et guideront l'accompagnement technique à venir.
Prochaines étapes : mesurer, comparer, améliorer. La suite du processus sera déterminante avec le suivi des trois cycles de récolte ; l'enfouissement de la biomasse pour améliorer la matière organique ; l'installation des parcelles de riz pour comparer les rendements avec et sans rotation ; la collecte de données pour un retour d'expérience solide ; et l'exploration d'un modèle d'irrigation d'appoint permettant de sécuriser et de diversifier les revenus face aux aléas climatiques.
Avec cette rotation culturelle, PARSAD contribue à un double objectif : restaurer durablement la fertilité des sols et offrir de nouvelles opportunités économiques aux riziculteurs et rizicultrices. Une innovation simple, accessible et adaptée, qui ouvre la voie à une transition agroécologique ancrée dans les réalités locales.
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