Gemena, Budjala et Mbuji-Mayi, RDC - Dans les couloirs
parfois silencieux des services de l’Etat congolais, certaines violences ne
laissent pas de traces visibles, mais détruisent des carrières, des vies et le
climat de travail. Pour briser ce silence, plus de 100 agents et cadres des
services publics de l'État viennent d’être formés à devenir des relais de
sensibilisation contre les violences basées sur le genre (VBG) au sein de leurs
services.
Pendant plusieurs jours, ces fonctionnaires de l’Etat issus
des provinces du Sud-Ubangi et du Kasaï Oriental ont pris part à une série
d’ateliers intensifs. Au programme : des modules couvrant les fondements du
genre, les formes spécifiques de VBG en milieu professionnel (comme le
harcèlement sexuel ou l’abus de pouvoir), les conséquences pour les victimes,
ainsi que le cadre juridique national et international protégeant les droits
des agents publics. Des cas pratiques et des exercices d’auto-évaluation ont
permis à chacun d’identifier des comportements sexistes souvent banalisés dans
leur environnement de travail.
Mais au-delà des apprentissages
théoriques, chaque participant a été invité à prendre position et à s’engager
personnellement. À travers une réflexion personnelle, chacun a identifié deux
actions concrètes, réalistes et adaptées à mener dans son service, à court, moyen ou long
terme pour enrayer la banalisation des violences de genre. Certains ont proposé
d’organiser des séances de sensibilisation entre collègues, d’autres de mettre
en place des mécanismes internes de dénonciation simples et sécurisés. À Gemena et
Budjala, plusieurs de ces actions seront d’ailleurs lancées pendant cette
campagne des 16 jours d’activisme contre les violences faites aux femmes et aux
filles.
Ces ateliers, fruit d’une
collaboration entre le ministère du Genre, Famille et Enfant, la Fonction
publique via l’Observatoire Genre de l’Administration publique (OGAP) et le
Réseau des Dames Enarques (RDE) avec l’appui d’Enabel à travers son projet
Lutte contre les Violences Sexuelles et l’Impunité (LVSI), ont permis de faire
naître une nouvelle génération de relais de sensibilisation. Dans une
administration marquée par une culture de silence, où la crainte de
représailles ou de perdre son emploi empêche toute dénonciation, cette
initiative ouvre la voie à une transformation durable des rapports de travail et
à faire de l’administration congolaise un espace plus sûr, plus équitable et
respectueux de l’égalité des genres.
Doudou Kajangu
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