Appui Multisectoriel à la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle dans l’Atacora (AMSANA) (2015-2020)

AMSANA
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Amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle: Un Pari gagné pour Enabel, Croix Rouge de Belgique, Île de Paix, Louvain Coopération et Pro

  • Amélioration de la sécurité alimentaire et nutritionnelle: Un Pari gagné pour Enabel, Croix Rouge de Belgique, Île de Paix, Louvain Coopération et Pro

Au Bénin, la pauvreté touche 43% des ménages au niveau national et constitue la première cause d’insécurité alimentaire.  Cette dernière a pour origine : le faible niveau d’éducation des chefs des ménages, les mauvaises pratiques d’alimentation et de nutrition, une agriculture de subsistance peu diversifiée, l’augmentation du prix d’achat des denrées alimentaires et le non-respect des règles d’hygiène. Selon l’Analyse Globale de la Vulnérabilité et de la Sécurité Alimentaire (AGVSA) réalisée par le Programme Alimentaire Mondial (PAM) en 2014, au Bénin, 1,1 million de personnes sont en insécurité alimentaire, représentant 11 % des ménages. La situation est plus critique dans certaines communes où l’insécurité alimentaire touche plus d’un quart de la population. C’est le cas du département de l’Atacora avec 25% des ménages en insécurité alimentaire. Dans le but d’améliorer la sécurité alimentaire et nutritionnelle dans les 65 villages cibles, des communes de Boukombé, Cobly, Matéri et Tanguiéta, situées dans le département de l’Atacora, Enabel en complémentarité avec 4 autres partenaires Belges ; Croix Rouge de Belgique, Île de Paix, Louvain Coopération et Protos met en œuvre depuis janvier 2016, le Programme d’Appui Multisectoriel à la Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle dans l’Atacora (AMSANA). Cette complémentarité d’acteurs permet de mutualiser les expertises spécifiques et ainsi d’intervenir sur les 4 piliers de la SAN (DANS - Disponibilité, Accessibilité, Nutrition et Stabilité). En effet, dans ces communes, l’alimentation et les revenus des ménages dépendent principalement des activités agricoles de la saison des pluies mais aussi des activités de transformation de produits agricoles par les femmes et des revenus complémentaires de travaux saisonniers effectués hors de la région. Les cultures vivrières traditionnelles qui permettent d’atténuer la période de soudure ont été progressivement abandonnées en faveur de la production de coton qui a un impact négatif sur la fertilité du sol et n’est pas toujours rentable pour les producteurs. De plus, la production de maïs bien qu’en hausse ne permet pas d’accroître la sécurité alimentaire notamment à cause du phénomène de bradage et des pertes post-récolte.

Grâce aux différentes approches conduites par le consortium Enabel, Croix Rouge de Belgique, Île de Paix, Louvain Coopération et Protos, plus de 10 000 ménages vulnérables ont amélioré leur situation alimentaire et nutritionnelle. Ceci se traduit entre autres, par (1) l’amélioration de la disponibilité des produits maraîchers et vivriers, (2) l’augmentation et la diversification des revenus des producteurs disposant de services économiques, (3) l’adoption par les communautés de meilleures pratiques nutritionnelles et d’hygiène, (4) une meilleure prise en compte des stratégies et interventions d’appui relatives à la sécurité alimentaire et à la prévention de la malnutrition au niveau communal, départemental et national.

Des éléments de succès importants  

« Il y a 03 années en arrière, nous faisions du maraîchage et étions confrontées à un problème de divagation des animaux qui détruisaient toutes nos cultures. Grâce à l’accompagnement du partenaire, nous avons pu sécuriser notre site avec des grillages en fer, que nous avons nous mêmes tissé. Nous avions également un problème d’eau. Pendant la saison sèche nous avons d’énormes difficultés pour arroser nos plants. Grâce au partenaire, nous avons pu creuser des puits et avons de l’eau à notre disposition toute l’année. Dans nos maisons, depuis que nous sommes accompagnées par AMSANA, nos assiettes sont mieux remplies. Nous utilisons nos produits de maraîchage pour améliorer nos repas. Nous avons dans nos assiettes des légumes et des fruits que nous cultivons nous-mêmes. Ensuite nous pouvons commercialiser le reste de la production et cela nous permet d’avoir un peu d’argent pour subvenir aux besoins de nos enfants (scolarité, soins de santé et habillement) », témoigne Odile UNTUWA KOUAN-KOUAN GOU, présidente de l’Association des femmes maraîchères de Boukombé.  

Depuis 2016 Enabel, en tant qu’institution de coordination du programme AMSANA, œuvre à promouvoir les synergies d’actions sur le terrain avec pour objectif la réduction de la faim et l’amélioration de la diversification alimentaire des ménages. Ainsi, après 04 ans d’intervention, les changements observés sont importants pour les ménages accompagnés sur différentes thématiques (maraîchage, maïs, fonio, amélioration des revenus, conseils nutritionnels, accès à l’eau potable mais aussi intégration maraîchage pisciculture et gestion des déchets solides ménagers). Au niveau des cultures maraîchères et du maïs, par exemple, les techniques de production agro écologiques sont maîtrisées. Aujourd’hui, l’assolement des sites maraîchers est de plus en plus efficace pour améliorer la diversification alimentaire des ménages, grâce à une importante diversification aussi bien des spéculations traditionnelles (crincrin, gombo, etc.) qu’exotique (carotte, choux, etc.) sans oublier l’association des fruitiers (papayes, bananes, agrumes) et dans certains cas, l’introduction de la pisciculture.

Selon Jacques CHABBERT, Coordinateur Enabel/AMSANA, en plus de cet assolement cohérent, aujourd’hui l’ensemble des sites maraîchers d’AMSANA bénéficient de clôtures métalliques produites localement. Cela permet de commencer beaucoup plus tôt la mise en culture, mais aussi de mieux protéger les produits maraîchers en saison sèche. Durant 04 ans d’intervention, aux côtés des ménages bénéficiaires, des milliers de personnes ont changé, de façon irréversible, leur manière de faire. Ce changement n’a pu se réaliser que grâce à l’implication de l’ensemble des équipes des structures d’intervention, qui sont passées du statut ponctuel d’agent de développement au statut durable d’acteurs de changements.

Des chiffres et des faits…


Enabel
: La sécurité alimentaire et nutritionnelle améliorée

En totale synergie avec les partenaires impliqués dans le maraîchage (Iles de Paix, Protos et Croix rouge), on compte sur l’ensemble des 4 communes pas moins de 20 sites maraîchers et 8 écoles qui ont intégré la pisciculture à leurs activités maraîchères. En complément de ces approches « collectives » 47 bacs hors sol « individuels » ont aussi été mis à disposition des ménages, pour qu’ils pratiquent la pisciculture à l’échelle familiale. La dynamique de la Croix-Rouge pour les conseils nutritionnels, à travers les groupes communautaires, a fondamentalement changé les pratiques nutritionnelles et d’assainissement du cadre de vie des communautés. Les Micro-Projets, portés par Louvain Coopération, ont amélioré le niveau de revenus des ménages, ce qui leur permet de consacrer plus de moyens à l’alimentation sans négliger pour autant les charges liées à l’éducation et à la santé.

Croix Rouge :
Des pratiques d’hygiène et nutritionnelles améliorées

En termes d’hygiène et d’assainissement que ce soit pour le lavage des mains ou la construction de latrines, d’importants changements ont été observés. Dans le village de Tchawassaka par exemple, la défécation à l’air libre est presque éliminée : il y a au moins une latrine par ménage. Aujourd’hui 96% des enfants se lavent systématiquement les mains avant les repas, contre 5% au début du projet.  Les enfants étant une courroie de transmission entre l’école et la communauté, des jardins potagers à but pédagogique ont été mis en place dans 32 écoles. Aujourd’hui, 85% de ces enfants répliquent au niveau de leur maison les pratiques apprises à l’école (production de pépinière et itinéraires techniques de plusieurs spéculations par exemple). D’un point de vue général, les taux de malnutrition aigüe modérée (MAM) et sévère (MAS) ont considérablement baissé. La MAM qui était à 5% et la MAS à 3% en début de projet sont respectivement passé à 1.23% et 0.90%, fin 2019. 

Îles de Paix : Des légumes de contre-saison, du maïs disponible et des revenus améliorés

L’utilisation de méthodes agro écologiques (lutte biologique, compost, etc.) pour les productions maraîchères et du maïs est aujourd’hui devenue une pratique courante pour les producteurs. De plus en plus de ménages répliquent au niveau de leurs maisons les techniques apprises sur les sites maraîchers. Cela permet d’améliorer leur alimentation et leur revenu. Le nombre de maraîchers qui ont produit en contre-saison en 2019 est de 681 contre 600 prévus. La technique de compostage promue a totalement été adoptée par les producteurs, surtout par les femmes. L’écart de rendement entre les personnes accompagnées par le projet et les personnes non accompagnées est de 78%.  Les formateurs endogènes formés par le projet, ont accompagné à leur tour les producteurs sur les techniques de conservation (séchage et tri au champ par exemple). Deux types de stockage ont été introduits pour améliorer la conservation des productions ; les Greniers Traditionnels Améliorés (GTA) et les sacs PICS tout deux rapidement adoptés par les communautés comme moyen de stockage. A l’heure actuelle 569 GTA ont été répliqués et 975 sacs PICS acquis par les ménages contre respectivement 120 et 400 prévus. Louvain Coopération : Les ménages améliorent leurs revenus à travers les activités liées au fonio, maraîchage, maïs, élevage et les transformations Au niveau de la transformation du fonio, il y a une nette amélioration en termes de décorticage, aussi bien en milieu rural qu’urbain. En milieu rural, l’amélioration est liée aux bonnes conditions de pilage.  En milieu urbain, l’amélioration est liée à l’acquisition, l’installation et la formation à l’utilisation de machines de décorticage. Aujourd’hui, la transformation de fonio atteint les 12 tonnes par an, contre 4 tonnes en début de projet. La certification de la qualité microbiologique des produits, obtenue de la DANA il y a de cela 2 ans, a contribué à l’atteinte de ce résultat pour les deux unités urbaines situées dans la ville de Boukombé. De manière générale, la production et la promotion du fonio sont de belles réussites.. Aujourd’hui, le prix de vente du Kg de fonio Paddy est passé d’environ 350 FCFA en 2015 à 550 FCFA en 2019. A l’état actuel, les communautés gagnent de l’argent grâce aux Micro-Projets initiés. Pour l’ensemble des promoteurs financés, leurs revenus se sont accrus de 47% en moyenne entre 2018 et 2019 que ce soit pour la production du maïs, le maraîchage, l’élevage et la transformation.

Protos : Une dynamique pour une meilleure valorisation de l’eau

Au total 9 sites de production maraîchère ont été aménagés, avec une maîtrise améliorée de l’eau, permettant à 370 producteurs correspondant à 297 ménages de réaliser leur production sur près de 18,25 ha.
 Quant à l’eau potable, le programme a beaucoup amélioré sa disponibilité à travers la réalisation de 13 nouveaux forages et la réhabilitation de 9 forages d’eau potable essentiellement répartis dans les communes de Boukombé et Cobly. Aujourd’hui les Associations de Consommateurs d’Eau Potable (ACEP) accompagnées par le programme, sont reconnues par les structures compétentes en tant qu’actrice majeure de la veille citoyenne et participent à la prise de décisions sur la qualité des services publics de l’eau. Un travail d’appropriation au niveau des communes sur le volet eau potable a également été constaté. Certaines communes se sont dotées d’agents supplémentaires sur fonds propres pour assurer l’intermédiation sociale dans le secteur.  En plus de cela, plusieurs révisions de la tarification de l’eau ont été faites et adoptées par les conseils  communaux. 

Des perspectives pour l’après projet  

Il est naturellement regrettable que le programme prenne fin aussitôt, alors que d’importantes et significatives dynamiques de changement sont en cours sur le terrain. Cependant, les approches mises en œuvre par les institutions Belges et leurs partenaires Béninois, reposent sur la mobilisation d’acteurs locaux qui ont bénéficié d’importants renforcements de compétence et qui resteront des acteurs durables de changement. Dans le cadre de la stratégie de sortie, l’ensemble des structures d’intervention facilite l’appropriation des dynamiques de changement aussi bien par les acteurs institutionnels que sont les services déconcentrés de l’Etat, mais aussi les collectivités décentralisées afin qu’ils assurent, après la clôture du programme, les facilitations nécessaires pour continuer d’améliorer le niveau de sécurité alimentaire et nutritionnelle des ménages de l’Atacora.  « Actuellement, il faut reconnaître que grâce aux dynamiques mises en œuvre de nombreux messages sont « digérés » par les populations et les acteurs qui les accompagnent. Ils ne réfléchissent plus sur les concepts et approches à mettre en œuvre mais sont immédiatement dans l’action », a rassuré Jacques CHABBERT, Coordinateur Enabel/AMSANA.

LE MOT DES MAIRES        

Richard NAMBIME, Maire de Boukombé

"Je veux que Boukombé soit une commune pilote pour la production de grillage car ce que nous y faisons c’est du jamais vu dans la zone.  L’accompagnement des communes pour créer le poste de PF-SAN est un point très fort qui témoigne de l’internalisation dont a fait preuve le programme AMSANA. C’est une aubaine pour notre commune d’avoir eu, du début à la fin du programme, une personne référente à la Mairie pour traiter les questions de sécurité alimentaire et nutritionnelle".

Théophile NEKOUA, Maire de Cobly

"La production de légumes pendant la saison sèche va nous permettre de diminuer notre approvisionnement en légumes qui se faisait essentiellement à Tanguiéta. Il y a quelques jours, j’ai même dit aux maraîchers de Datori que bientôt ils pourront vendre leurs produits au Togo voisin."

 Paul SAHGUI, Maire de Tanguiéta
 

"Le programme AMSANA nous a vraiment permis d’être des acteurs du changement dans notre commune. Le projet Déchets Solides Ménagers (DSM) nous a permis d’avoir des poubelles installées dans presque tous les ménages et une grande partie des hôtels. Aujourd’hui la ville de Tanguiéta est propre et c’est grâce à l’accompagnement d’Enabel sur le projet DSM."


Sorikoua SAMBIENI, Maire de Matéri

"Le développement n’est pas uniquement une question d’infrastructures, mais plutôt un système permettant à chacun de s’auto-suffire et de se réaliser. Il faut permettre aux gens d’avoir d’abord le minimum, notamment pour se nourrir afin que si l’on réalise une infrastructure ils puissent l’utiliser. Avec la clôture du programme AMSANA, nous négocions actuellement avec d’autres bailleurs de fonds pour l’aménagement des bas-fonds pour le maraîchage et la pisciculture, cela va nous permettre de disposer de plus de légumes et de protéines dans nos plats". 
 

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