Dans le cadre du Programme belgo-burkinabè 2023-2027, la coopération entre la Belgique et le Burkina Faso prend une forme concrète et résolument tournée vers l’autosuffisance alimentaire. À travers son Agence de coopération internationale (Enabel), le Royaume de Belgique soutient techniquement et financièrement l’aménagement de 60 hectares de bas-fonds rizicoles répartis entre Mogtédo et Tintogo (Province du Ganzourgou) et Dassoui (Province du Kouritenga).
Les 5 et 6 juin 2025, une mission d’Enabel a sillonné ces sites pour constater l’état d’avancement des travaux. Cette visite a aussi permis la remise d'intrants agricoles, de semences améliorées de riz, ainsi que d'outils de travail et de protection aux producteurs et productrices locales.
Un appui structurant et intégré
À Dassoui, où l'on aménage 25 hectares, les travaux avancent à bon rythme. « Cet aménagement s’inscrit dans la vision nationale de produire un million de tonnes de riz pour l’autosuffisance alimentaire », affirme M. Lionel Mari Aristide Wendingoudi YOUMA, Directeur provincial en charge de l’agriculture des Ressources animales et Halieutiques du Kourittenga. Enabel, par son intervention, permet non seulement d’accroître les superficies cultivables mais aussi de structurer les exploitations selon des normes techniques modernes. Le rendement visé passe de 4 à 5 voire 6 tonnes par hectare, ce qui représenterait une avancée significative pour la sécurité alimentaire de la région.
Au total, 60 hectares de bas-fonds rizicoles seront aménagés : 25 ha à Dassoui, 20 ha à Towemba (Mogtédo) et 15 ha à Tintogo. À chaque étape, l’appui d’Enabel se veut global : fourniture d’intrants, équipement, encadrement technique, et soutien à l'organisation communautaire autour des investissements.
Mais l’innovation ne s’arrête pas à la riziculture. Le programme prévoit également des périmètres maraîchers irrigués (15 hectares) et des forages pastoraux. Cette approche multisectorielle s’inscrit dans la logique de l’Offensive agro-pastorale et halieutique initiée par le gouvernement burkinabè. « L’année passée, nous étions sur des aménagements sommaires. Cette année, nous consolidons avec le modèle PAFR (Plan d’action pour la filière riz) qui garantit durabilité et impact », explique Baogoam Kaboré, chargé de projet Chaîne de valeur agricole à Enabel.
Une approche territoriale participative
L’approche d’Enabel repose sur une forte implication des acteurs locaux. À Dassoui, un forage pastoral est réalisés pour désengorger les zones de cohabitation entre agriculteurs et éleveurs, réduisant ainsi les tensions liées à l’accès aux ressources. « Avoir un périmètre avec un forage pastoral est une bonne chose, car cela permet de mieux gérer les activités agricoles et pastorales », insiste le Directeur provincial en charge de l’agriculture du Kourittenga.
La synergie entre services techniques, autorités locales et communautés est l’un des piliers du succès de ces aménagements. Des conflits fonciers mineurs ont été rapidement résolus grâce à l’engagement des leaders locaux, sans intervention directe d’Enabel. « Cela montre que les communautés s’approprient réellement le projet », se réjouit Baogoam Kaboré.
L’implication communautaire se traduit aussi par la méthode HIMO (Haute intensité de main-d’œuvre), qui permet à la population de participer activement aux travaux tout en générant des revenus immédiats.
Les femmes en première ligne
Dans les champs de Dassoui comme à Mogtédo et Tintogo, ce sont les femmes qui donnent le rythme. Ouandaogo Sabine, l'une des 300 femmes engagées à Dassoui, témoigne avec fierté : « Avant, nous achetions du riz pour la consommation. Aujourd’hui, grâce à Enabel, nous produisons notre propre riz, ce qui nous permet de scolariser nos enfants et de résoudre plusieurs problèmes familiaux. »
Même son de cloche à Mogtédo où Rose Tapsoba confie : « Nous sommes environ 160 femmes à creuser les diguettes. Depuis l’an passé, Enabel nous aide, et cela a changé notre quotidien. »
Le programme ne s’arrête pas au riz. Après la récolte, 15 ha de périmètres maraîchers irrigués permettront une culture hors saison, maximisant l’utilisation des terres aménagées. Les bas-fonds rizicoles abritant ces périmètres maraichers offrent des alternatives d’irrigation d’appoint ou de complément pendant les poches de sècheresse ou d’arrêt précoce des pluies en compagne hivernale.
Un investissement durable
Il s’agit d’un investissement dans l’avenir rural du Burkina Faso. Enabel s’inscrit dans une démarche de durabilité et dans une approche territoriale intégrée, visant à responsabiliser les acteurs et à transférer les compétences aux services techniques locaux pour assurer le suivi et la pérennisation des infrastructures mises en place. Adama Oubda, président du Comité Villageois de Développement (CVD) de Dassoui, résume bien l’état d’esprit des bénéficiaires : « Enabel a mis les moyens, à nous maintenant de jouer notre rôle. Nous ramassons les cailloux, nous creusons, car c’est notre village qui en bénéficiera. »
En route vers l’autosuffisance alimentaire
À travers cette initiative, la Belgique, via Enabel, démontre son engagement constant auprès des communautés rurales burkinabè. Au-delà de l’appui matériel, c’est une nouvelle dynamique de transformation agricole qui est en marche, mobilisant hommes, femmes, autorités et partenaires techniques autour d’un objectif commun : produire plus et mieux, pour nourrir le Burkina Faso.
Et si les pluies de cette saison 2025-2026 tiennent leurs promesses, le rêve d’une souveraineté alimentaire portée par les communautés locales pourrait bien devenir réalité.
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