Pays du Sahel, le Niger est caractérisé par une situation structurellement
déficitaire en termes de production de nourriture, renforçant ainsi le risque
de crise alimentaire, qui, elle-même, résulte de plusieurs facteurs souvent
cumulatifs, tels que les aléas climatiques; la dégradation des sols et le
manque de diversification des productions. Dans le contexte sahélien, la
vulnérabilité à l’insécurité alimentaire et les crises alimentaires ont aussi
une dimension genre importante, car les femmes sont parmi les plus vulnérables
en raison de leurs faibles pouvoirs sociaux et économiques. Leur accès limité
aux moyens de production tels que la terre, le crédit et les technologies, et
leur faible participation à la prise de décision, réduisant leur capacité de
résilience aux chocs.
Depuis 2012, à travers le programme d’appui à la mise en place des entités
décentralisées de la région de Dosso (PAMED2) , les communes investissent dans
l’aménagement des terres agricoles au profit des couches vulnérables afin
d’améliorer leur sécurité alimentaire à travers le développement des cultures
maraîchères. Dans la pratique, le
maraîchage est surtout effectué par les femmes, mais celles-ci sont souvent limitées
dans leur activité par le manque d’accès au foncier.
Mieux
comprendre la dimension genre afin de construire une résilience adaptée
« Dès que le
mil récolté est consommé, nous, les femmes, commençons à nous débrouiller pour
donner à manger aux enfants. »
-Haoua Mamane,
cultivatrice d’oignons sue le site de Sokorbé,
commune de Loga
C’est bien pour cela qu’un des objectifs visés est de mettre les femmes à
l’abri de l’insécurité foncière et alimentaire par le transfert des droits de
propriété de ces terres agricoles sur les sites maraîchers. Le programme a mis
en œuvre une stratégie de renforcement des capacités des acteurs du foncier
rural et des communautés locales pour que l’accès durable des femmes aux terres
des sites aménagés soit une réalité.
Bien que le programme PAMED2 a soulevé le problème de la propriété des terres,
l’expérience démontre que les sites sur lesquels les aménagements ont été
réalisés, appartiennent à des propriétaires fonciers qui prêtent ces sites aux
groupements pendant la saison sèche et le récupère pendant la saison des pluies.
Et ainsi, les femmes des groupements ne peuvent pas profiter entièrement de la
contre-saison, elles ratent également l'opportunité de cultiver les plantes
pérennes comme le moringa, l’aubergine, le poivron, le piment, sur toute
l’année.
Pour remédier à cela, des réflexions sont engagées avec les leaders
d’opinions, les maires et les propriétaires fonciers pour que les femmes
disposent des terres agricoles pour une exploitation continue en toute saison.
De plus, des actions de sensibilisation sont menées pour convaincre les propriétaires
fonciers de pratiquer eux-mêmes l’exploitation en toute saison. Cela vise donc
à ce que ces propriétaires soient eux-mêmes installés sur une partie du site
aménagé et qu’ils bénéficient du même encadrement fourni aux femmes par le
programme. En plus de cette option, d’autres propositions ont été faites aux
propriétaires fonciers, telles qu’un versement de la dîme à la fin de chaque
campagne par les femmes. Le succès des négociations ont abouti à des contrats
de prêt pour une exploitation continue en toute saison des terres par les
femmes dans la commune rurale de Douméga sur les sites des villages de Tounga
Hassada et de Tounga Malamey.