Le projet de résilience au COVID-19 par la digitalisation (RESICODI), co-financé par l’Union Européenne, vise à renforcer des capacités et services dans le domaine de l’éducation et la santé. À cette occasion, nous avons rencontré Cédrick Ngandu Kalala et Nelson Mbembe, deux collègues d’Enabel en RD Congo. Ils nous expliquent comment ils en sont arrivés à développer, en partant de rien, une bibliothèque numérique centrée sur l’utilisateur pour ce projet.
Vous êtes tous deux experts au sein de l'équipe D4D - Digital for Development - d'Enabel. Pouvez-vous nous expliquer brièvement en quoi consiste votre fonction ?
Cédrick Ngandu Kalala : Mon titre de fonction officiel est D4D expert mais pour le projet RESICODI, je fais également officer d’Intervention Manager. En d’autres termes, je suis en charge de la mise en œuvre du projet, implémentation de toutes les activités au niveau santé et éducation mais je dirige également les réflexions concernant les solutions à mettre en place, le suivi et les tâches en rapport avec la gestion du projet.
Nelson Mbembe : De mon côté, je suis ICT officer en charge du renforcement des capacités numériques. Je m’assure principalement de pouvoir poser les bases d’une bonne alphabétisation numérique pour les écoles et enseignants afin que le projet puisse suivre son cours de la meilleure façon possible. Cela signifie que nous assurons le suivi logistique de la réhabilitation des salles, le suivi des formations mais également le support technique pour les différentes plateformes et matériel ICT.
Vous êtes en train de développer une nouvelle bibliothèque numérique de quel constat est partie cette idée ?
C. : Nous étions surtout guidés par l’envie de développer un projet pilote innovant et l’envie de tester une nouvelle solution pour mettre à disposition des ressources éducatives libres aussi bien au projet RESICODI qu’Enabel en RD Congo.
N. : Si nous avons eu l’envie de développer cette solution c’est principalement car nous sommes partis du constat que d’un point de vue technique, les spécificités proposées par d’autres solutions ne correspondaient pas toujours aux besoins énoncés par les enseignants et apprenants. Dès lors, il s’imposait à nous de pouvoir recréer quelque chose facile d’utilisation où nous pourrions avoir la main à 100%.
Quels sont les avantages de cette bibliothèque ? À quel public est-elle destinée ?
C. : Idéalement, le plus gros avantage de cette solution serait d’améliorer la qualité de l’apprentissage et de l’enseignement en général. Nous avons la possibilité de donner accès à plusieurs ressources sans pour autant avoir besoin d’équipements spécifiques comme une bonne connexion internet.
N. : Cette solution est destiné aux centres de formation professionnelles, enseignants et apprenants.
Quels sont les challenges dans le développement d’une telle bibliothèque ?
C. : Ce qui nous a posé beaucoup question c’était l’identification des plateformes au niveau technique. Il est évident que d’autres plateformes proposaient également certaines spécificités et dès lors l’évaluation des besoins et les réflexions autour de la bibliothèque ont été assez longues.
N. : De mon point de vue, ce qui reste compliqué à ce jour c’est de pouvoir centraliser et trouver les ressources éducatives libres à utiliser. Il est difficile de trouver aussi du contenu en français. Nous sommes d’ailleurs en train de former les enseignants afin qu’ils puissent produire eux-mêmes les ressources éducatives.
Comment la solution est-elle accueillie ?
C. : À ce stade du projet, les enseignants sont évidemment motivés à utiliser la bibliothèque dans leurs cours. Néanmoins, je reste prudent quant à l’utilisation sur le long-terme. C’est pourquoi nous accordons une importance toute particulière à l’approche et l’accompagnement de changement. En leur démontrant à quel point cette solution numérique peut apporter un plus dans leur vie professionnelle quotidienne et en leur fournissant le support nécessaire, nous espérons que cela ne devienne pas une charge mais qu’ils s’approprient réellement la solution.
N. : J’ai également déjà pu discuter avec des enseignants qui ont testé la bibliothèque, ils apprécient sa facilité d’utilisation et surtout le fait qu’elle soit accessible à distance. Nous discutons beaucoup avec eux sur la façon dont ils vont implémenter ça par la suite dans leurs classes.
Il y a-t-il une approche innovante qui est abordée par Enabel ? Qu'est-ce qui est spécifique à ces activités ?
C : Ce que nous avons voulu instaurer dans le projet RESICODI, c’est une véritable motivation d’apprentissage dès le premier maillon de la chaine d’apprentissage : les enseignants. En leur permettant de passer une certification reconnue internationalement (Certiport) nous voulons leur permettre d’ouvrir d’autres champs de possibles et participer à une véritable communauté d’enseignants. Cela leur permet de jauger l’efficacité de la formation et participer à des échanges constructifs d’idées. J’aimerais aussi mentionner qu’une autre approche innovante du projet est que nous avons décidé d’également intégrer des populations ayant tendance à être délaissées tant au point de vue situation géographique ou financier. En proposant des programmes de codages dans trois centres dans de quartiers plus reculés de Kinshasa nous désirons permettre à ces populations plus jeunes d’avoir également accès à ce type de formation dans leurs quartiers et à moindres coûts.
N. : Pour moi, le fait que nous ayons eu l’opportunité de développer un projet pilote de bibliothèque numérique de A à Z est une approche très innovante pour moi. J’ai aussi également apprécié que nous ayons pu, dès le départ associer les enseignants au développement pour nous assurer que tout évoluait selon leurs attentes et besoins.
Quelles sont vos attentes sur le long terme ? Comment s’assurer que cette solution sera encore utilisée ?
C. : Je dirais que sur le long terme nous allons devoir nous focaliser sur deux aspects. Le premier réside dans l’accompagnement technique. Nous voulons nous assurer que les utilisateurs principaux ont une certaine maitrise de la gestion et utilisation de l’outil. En effet, pour une personne ayant déjà l’habitude de préparer ses cours d’une certaine façon (utilisation de livres, supports imprimés etc.) il est important de pouvoir accompagner la transition et lui permettre de se détacher petit à petit de certaines habitudes pour créer une flexibilité et un mix dans l’approche éducative. C’est pour cela que nous avons parié sur la flexibilité et calibré au mieux les requêtes par rapport aux différentes réalités rencontrées dans les centres (nombre d’élèves, infrastructures, professeurs…). Ensuite, nous aimerions nous assurer que cette solution puisse également être déployée sur d’autres projets. En effet, nous voyons toute la pertinence d’utiliser cette solution également dans le secteur de la santé et nous espérons que par notre travail de transition et accompagnement, cette solution puisse s’adapter à d’autres projets et secteurs.
N. : J’aimerais vraiment que les enseignants s’approprient la bibliothèque et en fassent quelque chose de pérenne, une part entière de leur méthodologie au cœur de leur enseignement. Si on parvient à leur transmettre notre enthousiasme et passion pour cette bibliothèque numérique alors je suis confiant que ça ne va pas être un coup dans l’eau.
Quelques mots au sujet de RESICODI (Résilience au COVID-19) par la digitalisation
Dans un esprit Team Europe, la GIZ et Enabel ont uni leurs forces pour tirer parti des projets existants afin d'assurer une réponse intégrée et durable au COVID-19. RESICODI soutient ainsi des initiatives en cours mises en œuvre par les deux agences :
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