Améliorer l'accès à l'emploi des jeunes du Haut-Katanga

Située dans l’enceinte de l’institut Kilima dans la commune Kenya à Lubumbashi, l’antenne opérationnelle du Centre de Ressources de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle (ETFP) du Haut-Katanga a réuni sur l’invitation de la Chambre de Commerce Belgo-Congolaise-Luxembourgeoise, quelques représentants des entreprises privées locales pour une rencontre d’échange d’informations. 

Le Centre de Ressources, structure autonome reconnue par l’Etat Congolais, fonctionne comme un réseau d’animation et d’appui à un système rénové d’ETFP qui a été mis en œuvre pour répondre à la question de l’inadéquation criante entre la nature et la qualité des formations, ainsi que les compétences professionnelles exigées par les entreprises. Les objectifs principaux sont d'accompagner les lauréats des écoles à leur insertion socioprofessionnelle à travers des formations pratiques, d'offrir un appui technique aux écoles désireuses d’innover leur offres de formation, de servir comme centre de documentation et d'alimenter la concertation multipartite public-privé locale et provinciale par la collaboration avec les entreprises environnantes. 

"Nous poursuivons un objectif très noble qui est celui d’assurer à la jeunesse du Haut-Katanga une meilleure employabilité, c’est-à-dire former pour donner une possibilité aux lauréats des options techniques de pouvoir aller au travail," précise Lorenzo Giacomin du projet EDUKAT.

"Cette structure prône une bonne et efficace collaboration entre le secteur public et privé. Elle promeut la compétitivité des lauréats qui y passeront. Pour arriver à cette compétitivité des lauréats, nous avons mis en place un processus d’insertion socioprofessionnelle qui visera leur présélection pour pouvoir être des bons techniciens."


Le Centre de Ressources est sous la responsabilité des services déconcentrés de la division provinciale de l’Enseignement Primaire, Secondaire et Professionnel et sera géré de préférence par un binôme constitué du secteur public et du secteur privé. Les filières suivantes y seront organisées : l’électricité, l’électronique, la mécanique générale, la mécanique auto et les énergies renouvelables. 

Pour appuyer les lauréats dans toutes ces filières, le centre a mis en place des étapes d’accompagnement qui devront leur permettre, une fois dans la phase finale, de mieux s’en sortir. La première étape est la sensibilisation à la fin du cursus scolaire, c’est-à-dire en cinquième et sixième année des humanités. A ce niveau, on donne aux élevés toutes les informations concernant le prérequis nécessaire afin de déboucher sur un emploi salarié ou un auto-emploi. 

La deuxième étape est la présélection. Dans cette phase les lauréats qui sont disposés d’être sous l’accompagnement du centre sont choisis. La troisième étape est la préformation, qui consiste à former les lauréats sur les '3 S', c’est-à-dire le savoir, le savoir-être et le savoir-faire, ce qui leur permettra de s’adapter à l’environnement de l’entreprise.

La quatrième étape est la mise en stage professionnel qui permet au stagiaire de se mettre dans une situation réelle en milieu professionnel. Pendant la période de stage professionnel l’entreprise qui accueillera les lauréats descellera les failles dans leurs compétences. Il s’agit d’un travail conjoint entre le maître de stage de l’entreprise et les services du centre. Ces failles seront reprises par le service du Centre de Ressources qui fera suivre des formations additionnelles modulaires. L’ensemble des formations associées à l’expérience d’entreprise et aux modules de formation technique, rendront les lauréats plus compétitifs sur le terrain. S’en suivra la cinquième et dernière étape qui consiste d’une médiation à l’emploi. Cette médiation vise à négocier un poste au sein des entreprises partenaires. 

"Nous poursuivons la promotion de l’emploi des jeunes finalistes des écoles ETFP," a fait savoir Hervé Muke Seya, Chargé de l’insertion socioprofessionnelle au Centre de Ressources. Selon lui, les jeunes qui finissent les humanités dans les filières techniques devraient en principe travailler directement: "Malheureusement, les conditions dans lesquelles nous vivons ne permettent pas à ces jeunes de travailler tout de suite. Ce que nous voulons, c’est les orienter à canaliser leurs efforts pour qu’à la fin, ils puissent trouver au moins un emploi."

Grace aux bases juridiques existantes, une structure de concertation et de formation provinciale du partenariat public-privé pour l’ETFP est en train de se mettre en place. Ce structure permettra d’organiser des meilleures formations techniques afin d’améliorer l’adéquation formation emploi et de répondre aux besoins de main d’œuvre dans les secteurs miniers, industriels, de la construction et de l’agriculture. 

A en croire les propos de Jean-Claude Kanyiki, Assistant Training Manager à Congo Equipment SARL, un des invités de cette rencontre, l’initiative de créer le centre vaut tout son pesant d’or: "Nous qui sommes dans le domaine des engins Caterpillar, nous voyons que la technologie évolue tous les jours. C’est vrai qu’à l’école les jeunes gens apprennent les principes de base, mais il y a beaucoup d’écart entre ce qui est appris à l’école et la réalité sur le terrain. C’est donc important qu’après le cursus scolaire, les jeunes suivent certaines formations professionnelles spécifiques de façon à améliorer leurs compétences techniques." 

Selon ce participant, avoir déjà un centre qui prépare les jeunes lauréats des humanités techniques est la meilleure chose pour les entreprises, car, précise-t-il: "Nous les entreprises, nous recherchons la main d’œuvre qualifiée."

Les acteurs étatiques (Ministère Provincial EPSP/ETP), le patronat (la FEC, la COPEMECO, etc.), le secteur privé (Chambre de Commerce Belgo-congolaise Luxembourgeoise, les sociétés et entreprises) et les acteurs non étatiques (écoles privées, société civile) constituent le cadre de collaboration du Centre de Ressources. La Chambre de Commerce Belgo-Congolaise-Luxembourgeoise promet son apport à l’intermédiation de toutes ces parties prenantes pour faire vivre cet instrument : "Notre attribution à ce projet en tant que Chambre de commerce se situera au niveau de la future gestion. Comme il a été exposé, la gestion doit se faire sous un partenariat public-privé afin de la rendre efficiente et efficace en termes d’adéquations au réel besoin du secteur privé. Et nous, nous voudrons rassembler, ensemble avec les responsables de la province du Haut-Katanga, les entreprises pourvoyeuses des mécaniciens et autres techniciens pour qu’ils réfléchissent sur la manière de faire vivre cette structure," a estimé ladministrateur de la Chambre, Jean-Sylvere Duga. 

Cette structure est composée d'un comité de pilotage public-privé qui oriente les actions stratégiques du Centre de Ressources, d’un comité de direction qui s’occupe de la coordination des différents départements, notamment le département de formation, le département de l’insertion socioprofessionnelle et le département d’appui techniques transversaux. Le comité de concertation local dans chaque sous-division provinciale assurera la concertation permanente avec les entreprises.

Les interventions de Lorenzo Giacomin et Hervé Muke Seya ont suscitées un débat houleux et fructueux autour de ce projet. Ce débat a succédé la visite dans les installations de ce centre qui comprend notamment les six ateliers et un bloc administratif avec une salle de réunion et un bureau pour la comptabilité. Les travaux se sont déroulés dans une période de 12 mois et ils ont été financés à hauteur de 400 000 euro.  

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