Dans plusieurs écoles agricoles de la Tshopo, parler des règles n’est plus un tabou. Au travers du projet GIFT, plus de 200 jeunes filles ont reçu les clés pour mieux vivre leur santé menstruelle, à l’école comme à la maison.
L’initiative a pris ses racines dans cinq institutions rurales — ITA Maendeleo, Simi-Simi, Yangambi, Yanonge et l’IFA Yangambi — là où l’absentéisme des filles pendant leurs règles reste un obstacle à la réussite scolaire. Longtemps ignorée, l’hygiène menstruelle est aujourd’hui reconnue comme un facteur essentiel de l’inclusion éducative.
Le projet a permis d’intégrer cette dimension au cœur de l’éducation. Pas en théorie, mais dans le quotidien des élèves, avec des outils, des échanges, des lieux d’écoute. MSI RDC, en partenariat avec Enabel, a porté ce changement avec la stratégie communautaire « Bosolo Nde ». Au cœur de cette action : Les MSI Grandes Sœurs, de jeunes filles formées pour accompagner les autres, parler sans gêne, conseiller sans juger. "Le changement commence parfois entre deux élèves, quand la parole circule et que le respect prend le dessus", confie Ange Dando Palama, cheffe de projet chez MSI.
Le 25 juillet dernier, Kisangani a accueilli l’atelier de clôture du projet. Des familles, enseignants, autorités éducatives et ONG se sont retrouvés pour faire le bilan et renforcer les acquis avec au centre des échanges un questionnement simple : Comment faire durer ce qui fonctionne ? Comment faire en sorte que l’hygiène menstruelle reste un sujet traité avec sérieux dans le système éducatif ?
Des résultats et changements palpables
Sur le terrain, les effets se font sentir. Dans les écoles ciblées, les absences ont chuté. Les filles restent en classe. Les enseignants, désormais mieux informés, s’engagent à créer un cadre bienveillant. Des engagements concrets ont été pris pour que chaque fille puisse apprendre en toute dignité, sans honte, sans peur. "Ce que nous avons mis en place va au-delà de l’information. C’est une transformation. Une façon nouvelle de penser l’école, les relations, le respect", explique Dr Patrick Djomo, Directeur pays de MSI RDC.
Pour Prosper Ntema, chef de programme Enabel à la Tshopo, c’est un tournant structurel :"Quand on arrive à parler librement de santé menstruelle dans une école agricole, avec les familles, les élèves, les professeurs, c’est qu’un cap a été franchi. On change des mentalités, on change des vies."
Le projet GIFT n’a certes pas résolu tous les défis. Mais il a montré qu’un simple geste — écouter une élève, ouvrir un espace de parole, distribuer des serviettes — peut redonner confiance. Et dans la foulée, permettre à une fille de rester sur le chemin de l’école, là où son avenir se construit.
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