Fragilité
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Burkina Faso
Enabel au Burkina Faso en partenariat avec l’ONG Tin Tua appuie
les autorités régionales en charge de l’éducation pour la réintégration et le
maintien scolaire des élèves déplacés internes (EDI) de la région du Centre-Est
dans le système éducatif.
Avec
l’appui financier d’Enabel, l’ONG Tin Tua en consortium avec
Enfants du Monde (EdM) a mis en œuvre au niveau de la région du centre-Est, un
projet visant à réintégrer et à maintenir les élèves déplacés internes (EDI) et
hôtes dans un système éducatif de qualité et inclusif.
Cela
s’est traduit par le renforcement des capacités des enseignant(e)s et des
membres des structures de gestion des écoles sur la protection de l’enfance, le
safe school, les dangers des mines, l’éducation à la paix et la remise de kits
scolaires, des kits de dignité aux élèves vulnérables et aussi des kits
récréatifs (matériel de spot) à des établissements accueillant en leur sein des
EDI. Il faut ajouter à cela que 200 élèves vulnérables du post primaire et
secondaire ont bénéficié de cash transfert. 10118 élèves restés dans les zones
à forts défis sécuritaires ont eu accès à un apprentissage continue à travers
le programme d’éducation par la radio (cours à distance).
Environ
2000 élèves déplacés internes et vulnérables ont pu bénéficier des kits
scolaires octroyés. Des kits de dignité (matériel composé de boules de savon et
de couches pour la gestion des menstrues) ont également été distribués à
environ 1500 filles vulnérables en milieu scolaire. Les
kits ont été distribués dans les communes de Koupéla, Pouytenga, Gounghin et
Sanga en raison de 500 kits scolaires et 375 kits de dignité. Le choix de ces
communes a été fait en concertation avec les autorités du secteur de
l’éducation des provinces du Kouritenga et du Koulpélogo.
Une
cartographie de la situation des élèves « hors école » a d’abord été
dressée avant le déploiement des kits. Cette cartographie a révélé un nombre
important d’EDI dans des situations critiques, vulnérables et ayant besoin
d’appuis multiformes.
Des
difficultés pour accueillir les EDI, il y’ en a à la pelle. Beaucoup d’entre
ces élèves ne disposent pas d’acte d’Etat civil ni de documents scolaires et il
est souvent difficile de déterminer leurs niveaux réels notamment la dernière
classe fréquentée avant leur délocalisation. Des responsables d’établissements
scolaires se retrouvent donc dans des situations confuses quand il s’agit de
les orienter dans une classe précise. Dans ces cas de figures, il faut tester
les élèves.
Pour
aider les acteurs du secteur de l’éducation à faire efficacement face à ce
phénomène, Enabel au Burkina Faso en partenariat avec l’organisation Tin Tua (une
organisation spécialisée dans le domaine de l’éducation) a initié un projet de
réintégration et de maintien des élèves déplacés internes vulnérable dans le
système scolaire.
Pendant
toute l’année scolaire 2022-2023, Tin Tua a avec l’appui financier d’Enabel,
été des côtés des acteurs éducatifs pour des appuis divers. Un accent
particulier a été mis sur la création d’un environnement scolaire protecteur au
profit des enfants. Des kits récréatifs composés de matériel de sport (ballons
de football, chronos, sifflets, maillots, cordes/files pour les sauts en
hauteur) et des kits scolaires (fournitures scolaires : sacs, cahiers,
ardoises et stylos) ont aussi été octroyés aux établissements. Ces kits ont
permis aux élèves démunis de retourner à l’école et de reprendre les cours avec
un minimum d’équipement.
Des témoignages
qui montrent que les kits scolaires ont soulagé plusieurs EDI.
Fidèle
Nadembega est directeur
de l’école Koupéla Nord située au secteur 5 de Koupéla. Son école a six
classes avec des effectifs pléthoriques avec 592 élèves dont 301 garçons et 291
filles. « Les effectifs pléthoriques se justifient par le contexte
sécuritaire avec un déplacement massif de populations chassées de leurs
localités respectives du fait de l’insécurité que connait le pays. Pour l’année
scolaire 2022-2023, l’école a enregistré 71 élèves issue de familles de
déplacées internes », nous confie-t-il.
Bernard
LANKOANDE élève en classe
de CM2 fait partie des élèves déplacés internes (EDI) de l’école Koupéla Nord,
qui ont bénéficié des kits scolaires. Avec ses parents, il a quitté son village
natal Bilanga dans la province de la Gnagna, région de l’Est en proie aux
attaques terroristes violentes et récurrentes. Il fréquentait en 2022 la classe
de CM1 quand un jour, raconte-t-il, les terroristes ont fait irruption dans
leur établissement scolaire, intimé l’ordre de fermer les salles de classe et
brulé par la suite les édifices avant de prendre la poudre d’escampette.
Claudia ZOUGMORE, également élève en classe de CM2 à
l’école Koupéla Nord a, elle aussi bénéficié des kits scolaires octroyés en
début d’année scolaire 2022-2023 (octobre 2022) aux élèves issus des couches
sociales vulnérables. Elle a quitté son village Andemtenga dans la province du
Kouritenga, région du Centre-Est où elle fréquentait la classe de CM1 en 2022. Ce jour-là, se souvient-elle, les
terroristes ont envahi les locaux de la mairie qu’ils ont saccagés et brulé
tous les documents d’état civil contraignant elle et ses parents à abandonner
le village pour se réfugier à Koupéla le chef-lieu de la province.
Souleymane SEGDA, enseignant
à l’école Nord de Koupéla apporte un témoignage sur le fait que le
déplacement des populations à l’interne a donné du fil à retordre aux acteurs
du système éducatif de la commune de Koupéla. « Sans l’accompagnement de l’ONG TinTua avec le financement d’Enabel, la
situation allait être difficile à supporter. Les kits scolaires ont permis aux
EDI de poursuivre les cours normalement. En dehors des kits octroyés aux EDI, nous,
enseignants avons bénéficié de formation sur le maintien de la paix et la
gestion des conflits ; ce qui nous a permis de gérer convenablement
l’insertion des EDI dans les différentes salles de classes, de les faire
accepter par nos anciens élèves. Les connaissances acquises lors ces formations
nous ont permis d’inculquer à nos élèves un esprit de tolérance et de pardon ».
Jeanne LENGA, institutrice
à l’école Koupéla Nord : « l’octroi
de kits aux EDI qui étaient vraiment dans le besoin, est un acte fort
appréciable. C’est un acte positif qui les a galvanisés. Ces élèves sont
contents et ils les utilisent à bon escient. Outre cela, j’ai suivi une
formation sur le « Safe Scholl ». Au cours de cette formation, nous
avons acquis des connaissances qui nous permettre de mieux gérer nos élèves et
de les mettre à l’abri en cas de situation d’insécurité ».
Pascal OUANGO, directeur
provincial en charge de l’éducation préscolaire, primaire et non formelle
de la province du Kouritenga : « L’ONG
Tin Tua nous a apporté un soutien dans le cadre du projet insertion et maintien
des enfants vulnérables dans le milieu scolaire à travers un paquet d’activités
de renforcement de capacités en lien avec la situation sécuritaire notamment
sur des thématiques telles que l’approche « Safe School », les
dangers de mines, l’appui psycho-social et l’éducation à la paix. Le but était
d’outiller par thématique 200 acteurs de l’enseignement primaire, post-primaire
et secondaire ; tant les enseignants que les partenaires sociaux que sont
les parents d’élèves. En dehors du renforcement de capacité, 34 établissements
scolaires de notre circonscription ont été dotées de kits scolaires. Il s’agit
surtout des écoles qui hébergent des enfants déplacés internes. Parmi les kits,
il y a eu des kits récréatifs parce que nous savons ce que les enfants déplacés
internes ont vécu comme chocs émotionnels. Les activités récréatives et
sportives peuvent les stabiliser sur le plan émotionnel et psychologique. Il y
a aussi les kits scolaires au profit des EDI vulnérables. Cela à permis
d’accompagner les collectivités locales dans l’appui en kits scolaires aux 5705
élèves déplacés internes vulnérables que la province du Kouritenga a reçus
cette année. L’ONG Tin Tua a principalement intervenu dans trois (3) communes
prioritaires de la province du Kouritenga que sont Koupéla, Pouytenga et
Goughin qui sont perçues comme des zones d’accueil de personnes déplacées
internes ».
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