Reconstruire la résilience agricole : Comment le programme PAIOSA révolutionne l'agriculture au Burundi

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Le Burundi, comme d’autres pays de l’Afrique de l’Est, est soumis, depuis plusieurs décennies, au phénomène de changement climatique et aux aléas qui y sont liés. Les conséquences de ces aléas entrainent inexorablement une baisse de la production agricole avec parfois la disparition de certaines variétés ou cultures qui faisaient jadis vivre la population. Au moment où le processus de remise des grandes réalisations du programme PAIOSA d’Enabel au Gouvernement du Burundi s'achève, il sied de mentionner quelques résultats dont on parle le moins : la résilience au changement climatique et la lutte contre la faim.

Dans le cadre de la prolongation du Programme d’Appui Institutionnel et Opérationnel au Secteur Agricole (PAIOSA), il a été retenu et en gardant le cap, d’encourager la mise en place d’une agriculture durable grâce à une transition vers des modes de production et de consommation plus respectueux de l’environnement. L’objectif étant d’aider la population à être résiliente face à l’adversité du changement climatique. Depuis 2021, les activités de Champs Ecoles Producteurs (CEP) ont porté en priorité sur la production et valorisation de cultures autochtones à haute valeur nutritive et/ou davantage résistantes au stress hydrique. L’igname, culture en voie de disparition dans les régions naturelles du Bugesera suite à la longue période de sécheresse (Mai 2000 - Février 2002) et du Moso suite à une maladie fongique non identifiée (2002) figure parmi ces cultures. 

Ainsi l’igname a fait un grand retour dans les champs des populations à l’est du pays dans la région du Moso, au nord-ouest dans l’Imbo et au nord-est dans le Bugesera, zones d’action du programme PAIOSA. Avec l’appui du programme, la population multiplie actuellement cette culture dans leurs champs communs ou individuels afin de faire face à la famine.
A titre illustratif, on a distribué 24.200 plançons de la variété « Igikongo » à 1331 producteurs dont 461 femmes formés à travers les CEP.

Edouard BANKUWUNGUKA de la colline Nyakibere, commune Kinyinya, province Ruyigi, président d’un groupement CEP banane, corrobore les faits : « L’igname avait complètement disparu dans notre province et nous sommes heureux de retrouver cette culture. Nous sommes dans un processus de multiplication des semences d’ignames et au lieu de les consommer, nous les donnons aux autres membres de nos différents groupements qui n’en ont pas encore, afin que cette culture soit présente dans la localité comme avant. Dans cette région la pluviométrie est des plus faibles et cette culture s’adapte ».

La réintroduction de cette culture a été accompagnée d’une part par la vulgarisation et l’introduction de « jardins de cuisine » visant une disponibilité au niveau du ménage de légumes (amarantes, choux, oignons, poivrons, carottes, poireaux, aubergines, etc.) en tout temps.
D’autre part, trois autres cultures ont également été ciblées pour (re)introduction sur base de leur contribution à l’amélioration et l’équilibrage de la nutrition de la population à travers leur composition nutritive et potentialités de transformation. Ces cultures sont la patate douce à chaire orange (PDCO, source de bêta-carotène précurseur de vitamine A), le haricot bio fortifié (naturellement à haute teneur en fer et zinc), et le soja (légumineuse riche en protéines et calcium).

NZEYIMANA Jeannette est l’un des bénéficiaires de la commune Ntega en province Kirundo ayant été formés et introduit le jardin potager dans leur ménage. Pour elle, « la population produisait mais la qualité de sa nutrition laissait à désirer parce qu’elle ne savait pas comment assurer l’équilibre nutritionnel. Aujourd’hui avec le programme PAIOSA, nous connaissons l’importance des légumes dans notre alimentation quotidienne. Nous savons fabriquer du « tofu » et du lait à partir du soja et nous et nos enfants sommes en bonne santé grâce à une alimentation équilibrée ».

Dans un pays comme le Burundi, en plein boom démographique avec une topographie accidentée, rendant la terre cultivable de plus en plus rare, l’importance de la gestion de ces petits lopins de terre et la valorisation de petits espaces classiquement non exploitables est primordiale. Le jardin potager est venu comme une panacée pour de nombreuses familles qui ne sont plus obligées d’aller au marché pour acheter des légumes frais.

Le haricot bio fortifié tout comme la patate douce à chaire orange et le soja viennent améliorer qualitativement la nutrition des ménages qui ont du mal à équilibrer leur alimentation. Avec le « tofu » ou « viande de soja », certaines familles consomment désormais des protéines végétales, remplaçant ainsi celles d’origines animales devenues inaccessibles pour la majorité de ménages ruraux.

  • Résilience au changement climatique et amélioration de sécurité alimentaire et nutritionnelles, un résultat supplémentaire pour le PAIOSA
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