Docteur Eliane Ndibu, Médecin Directeur du centre de santé Al Waleed, Kisangani:
"Le Centre Al Waleed existe depuis 2007. Au début on recevait uniquement des victimes des violences sexuelles. On garantissait la prise en charge médicale et psycho-sociale et on travaillait avec des ONG pour la réinsertion des victimes dans leurs familles. Depuis 2008 que je suis ici, le centre reçoit d’autres patients en plus de victimes des violences sexuelles, cela pour éviter la discrimination et la stigmatisation.
Au début on était trois médecins généralistes et spécialisés, maintenant on est treize y compris les chirurgiens, remplissant ainsi un service complet 24 heures sur 24, alors qu’avant le service était assuré seulement le matin. On reçoit environ 32 victimes par mois, mais le nombre varie et est plus remarquable pendant les journées de fêtes et des cérémonies, comme par exemple le 8 mars (journée de la femme) et le 25 décembre (Noël). Pendant ces journées-là, femmes comme filles se promènent, sortent et deviennent victimes de diverses violences. Parfois elles sont droguées parce que quelqu’un a mis quelque chose dans leur boisson et elles ne s’en souviennent pas beaucoup. En plus, il y a aussi des hommes et petits garçons qui sont victimes de mêmes actes. Leur âge est très variable. Une fois, on a reçu une femme qui était violée par son petit-fils qui avait pris le chanvre indien.
A l’arrivée des victimes, on organise d’abord une consultation médicale. Après il y a les examens du laboratoire, suivis d’une consultation psychologique. La prise en charge juridique dépend de la volonté de la famille. On garantit donc toujours la prise en charge médicale et psycho-sociale d’une manière gratuite. Les médicaments qui ne sont pas disponibles ici sont payés par la famille. On délivre le rapport médical et la famille décide si elle veut continuer la poursuite judiciaire.
Les affections les plus fréquentes sont les infections, les grossesses pour lesquelles on organise le suivi et les césariennes. Comme il n’y a que deux psychologues, il est impossible de faire le suivi à domicile. Par conséquent, les victimes reçoivent seulement de l’aide psychologique quand elles arrivent ici et ce n’est pas suffisant. Beaucoup d’entre elles ont honte de leur situation vécue et ce qui me fait mal au cœur, c’est que dans la plupart des cas, ni les victimes, ni les familles ne sont capables de payer les soins et les médicaments.
Auparavant on travaillait avec des ONG, mais actuellement on ne travaille qu’avec la Coopération Technique Belge qui nous appuie au niveau du matériel et de l’organisation de la prise en charge."
Pas d'actualité