Les artisans forgerons jouent un rôle très important dans l’économie locale de Gemena. Ils adaptent des vélos pour le transport de lourdes charges, ils produisent de petits outillages domestiques et ruraux, ils construisent de réchauds améliorés qui limitent la consommation de bois, ainsi de suite. Malheureusement ces forgerons sont très démunis et ne possèdent pas, pour la plupart, d’outils performants et d’équipements de sécurité. Ils travaillent généralement assis et avec des méthodes peu ergonomiques et très fatigantes. En plus, il n’y a pas d’école de forge à Gemena.
Pour faire face à ces problèmes et afin d’appuyer le secteur privé, la CTB soutient les forgerons à travers un subside, qui permet leur accompagnement quotidien et un appui à leur structuration. C’est dans ce cadre qu’un forgeron bruxellois de la société Feu et Fer, spécialisé dans l’organisation de stages et de formations de forge, est venu à Gemena début juin pour donner une première formation de dix jours. Cette formation avait pour objectif de former les forgerons qui deviendraient ensuite formateurs et elle comprenait dans son programme des aspects techniques mais aussi pédagogiques. Les échanges se faisaient entre professionnels sur base de leurs savoirs réciproques.
D’abord, une grande attention a été accordée aux questions ergonomiques -c’est-à-dire faire des gestes respectueux du corps- et aux questions de sécurité. Il s’agissait d’enseigner des pratiques correctes, dont un point très important était de passer d’une stature de travail assise à debout en plaçant les enclumes sur un billot de bois et en utilisant un foyer de forge à même hauteur que l’enclume.
En plus de l’utilisation des enclumes le maître forgeron a montré d’autres outils, comme les pinces. D’ailleurs, la formation a permis de montrer aux forgerons qu’ils pouvaient fabriquer eux-mêmes la plupart des outils dont ils avaient besoin. Par exemple, les forgerons ont fabriqué une plane afin de pouvoir finaliser la fabrication de manches pour leurs marteaux. Cet outil, la plane, était inconnu à Gemena. Enfin, ils ont également appris à travailler le fer en le portant à la bonne température.
La formation a sans doute servi de révélateur de toutes leurs possibilités. A la fin des dix jours, le forgeron Alfred témoignait : « Moi, je n’ai pas la chance d’avoir une vraie enclume. J’utilise un vieux bloc moteur. Mais maintenant, je vais placer mon bloc moteur en hauteur, sur un billot de bois. Je ne veux plus travailler assis ».
La cerise sur le gâteau était l’importation à Gemena d’une dizaine d’enclumes et d’autres outillages, ainsi que d’équipements de sécurité. Il s’agit maintenant de réfléchir avec l’association des forgerons aux manières d’utiliser tout d’une manière durable.
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