Mali: Autonomisation des femmes éleveurs de petits ruminants à travers des champs écoles

  • Mali: Autonomisation des femmes éleveurs de petits ruminants à travers des champs écoles

L'élevage est un secteur essentiel au Mali, c'est la principale source de revenus pour plus de 30% de la population et représente 14% du PIB (INSAT2017) .
 Au Mali, de nombreux éleveurs ne tirent pas le maximum de profit de leurs activités. Cela pour plusieurs raisons, entre autres, la raréfaction des ressources alimentaires, la faible connaissance des techniques résilientes, le manque d'optimisation des bonnes techniques d'élevage, par exemple l'embouche. Le changement climatique a exacerbé la vulnérabilité des éleveurs, les pratiques résilientes doivent être vulgarisées et encouragées.

 L'embouche d'une manière générale et celui des petits ruminants (moutons et chèvres) est une pratique d'élevage, qui optimise l'apport alimentaire et réduit la mobilité des animaux, il permet d'engraisser plus rapidement le bétail et constitue un moyen rapide de gain monétaire pour les éleveurs. Une fois bien engraissé les animaux se vendent mieux.
L'embouche séduit de plus en plus d'éleveurs au Mali. Mais force est de constater que de nombreux éleveurs ne manifestent pas de connaissances reconnues, adéquates et adaptées au changement climatique.

Le Projet d'Appui au Renforcement de l'Elevage et de l'économie pastorale dans la région de Koulikoro (AREPK) initié par Enabel dans sa mise en œuvre de l'approche des « champs-écoles agro pastoraux (CEAP) » qui vise à valoriser l'embouche et à faciliter le partage des connaissances entre les couples, une formation des éleveurs dans sa zone d'intervention.

De ce fait, les services locaux de production et d'industrie animale, les mairies ont sélectionné 32 maîtres formateurs selon des critères bien définis. C'est ainsi que Mme Sangaré Nana Dembélé éleveur depuis six ans s'est distinguée lors de ces formations.

«  Avant la formation sur les techniques d'embouche et les bonnes pratiques d'élevage,. A vec cette formation, j'ai appris des techniques bien précises pour faire l'embouche : à savoir la santé animale, la valorisation de la paille qui constitue un aliment très riche pour l'animal, les techniques de fabrication de pierre à lécher, ainsi que la gestion financière mon activité.
A son retour dans son terroir Nana a pu mettre en place un CEAP constitué de vingt autres femmes avec qui elle a acquis ses connaissances partagées et les a mis en pratique. Au cours des formations, les femmes ont pu apprendre à produire de l'aliment bétail et à rationaliser les aliments pour l'animal tout en maitrisant les itinéraires techniques de l'embouche.

Ensemble elles ont pu ouvrir un compte bancaire commun au nom du CEAP qui leur a permis, d'acheter des animaux, de les engraisser et de les revendre avec une plus-value. Les membres du CEAP ont ainsi pu bénéficier d'un crédit qu'ils ont pu rembourser au bout des deux premiers cycles(6mois). L'octroi du crédit a été facilité par AREPK .
En moyenne chaque femme du CEAP a acheté 3 moutons qu'elle a pu revendre lors de la fête de Tabaski
Nana après cette opération s'est sentie très valorisée d'avoir aidé d'autres femmes, et surtout de savoir qu'il y a une autre façon de faire de l'élevage. Selon elle «Avant la formation acquise par AREPK, je n'avais jamais formé quelqu'un. Aussi je n'avais pas le réflexe de faire appel à un vétérinaire c'était uniquement en cas de maladie de l'animal que je faisais recours au vétérinaire. Mais avec cette nouvelle façon de faire, un passe vétérinaire consulter nos  animaux qui sont en atelier d'embouche tous les 15 jours. Cela nous a permis de mettre sur le marché des animaux avec un meilleur embonpoint et en bonne santé. Avant ma formation, je vendais trois béliers par an.Aujourd'hui forte de mes expériences en alimentation et en santé des animaux je vends au minimum trois têtes par cycle(3 mois), Avec les adhérentes de notre CEAP, nous sommes à présents animés d'une volonté d'augmenter le nombre d'animaux par cycle . »
A travers cette formation, Nana a vu la professionnalisation de son activité d'élevage et parvient à en tirer des bénéfices. En plus de l'embouche ovine, et caprine (moutons-chèvres) elle pratique désormais l'embouche bovine (vaches).   
«  En deux ans j'ai acquis quatre bœufs et c'est grâce à cette activité que j'ai pu inscrire deux de mes enfants dans une école privée, ce qui leur garantit un meilleur avenir ». des revenus notamment à travers la production et la vente de bloc multi nutritionnels (pierre à lécher) que j'ai appris à fabriquer au cours de la formation, dit elle.

Dans l'avenir Nana compte encore diversifier ses activités notamment par la commercialisation d'aliments de bétail, de pierre à lécher, et de stockage de fourrage, en conservant les bonnes pratiques acquises. Elle entend contribuer à l'autonomisation d'autres femmes par la pratique de l'embouche, contribuant ainsi à l'atteinte à certains objectifs de développement durable (ODD). Elle conserverait que les femmes formées soient des relais auprès d'autres femmes.  

Avec l'installation de ces Champs écoles pastoraux, on constate une amélioration des revenus des éleveurs emboucheurs et la disponibilité d'une viande de meilleure qualité sur le marché.

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