Du 1er au 5 décembre, Enabel a réuni à Abidjan les équipes de ses projets de mobilité humaine en Guinée, Côte d’Ivoire et au Sénégal pour un atelier régional consacré à la capitalisation et à la modélisation des diagnostics territoriaux de réintégration. Cette rencontre, qui a rassemblé les équipes d’AMIS, MIGRET, PEM N’Zassa, ainsi que les projets START et SyMAD en cours de formulation, avait un objectif clair : transformer des années d’expériences de terrain en une méthodologie commune, reproductible et adaptée aux réalités des territoires de la sous-région.
Tout au long de la semaine, les équipes ont revisité l’ensemble du processus de diagnostic à partir des livrables existants – cartographies d’acteurs, analyses SWOT, fiches de collecte, comptes rendus d’ateliers, retours des missions de terrain – et décrit de manière détaillée chaque phase du processus : compréhension de l'écosystème, adhésion et engagement des parties prenantes, adaptation des cadres et outils, changement de paradigme autour de la réintégration.
Ce travail a permis d’élaborer un schéma de référence partagé, fondé sur un processus flexible et participatif, une approche ascendante, la triangulation des données et la compréhension fine des écosystèmes locaux. Il s’agissait non seulement d’harmoniser les outils et méthodes utilisés dans les différents pays, mais aussi de valoriser les pratiques endogènes et les dispositifs existants, souvent informels, qui constituent un socle essentiel pour des approches de (ré)intégration pertinentes et durables.
En s’appuyant sur leur expérience respective, les projets AMIS et MIGRET ont décrit leurs approches, mis en lumière les dynamiques entre acteurs et identifié les thématiques prioritaires à traiter dans les futures modélisations : clarification des mandats, compréhension des rôles dans les circuits de référencement, interactions entre services publics, collectivités, acteurs privés et associatifs, ainsi que les opportunités et barrières rencontrées par les jeunes et les personnes migrantes de retour. Les discussions ont révélé un constat partagé : la mobilité humaine et plus spécifiquement la (ré)-intégration n’est pas un secteur en soi, mais un processus multisectoriel, diffus, qui mobilise l’emploi, la formation professionnelle, la jeunesse, l’action sociale, la gouvernance territoriale, l’entrepreneuriat et bien d’autres domaines. Sa réussite dépend de la capacité des institutions à reconnaître leur rôle, à s’articuler entre elles et à ancrer leurs interventions dans les réalités locales.
L’atelier a également permis d’intégrer des perspectives nouvelles, en particulier grâce au projet PEM N’Zassa, qui a organisé une table ronde stratégique avec la Direction des Ivoiriens de l’extérieur, les services de la décentralisation et les collectivités locales. Cette séquence a ouvert un dialogue entre niveaux central et territorial, illustrant concrètement ce que les diagnostics territoriaux cherchent à produire : une compréhension partagée des mandats, une meilleure coordination institutionnelle et l’identification collective de pistes pour améliorer les dispositifs de réintégration au bénéfice des personnes migrantes de retour et des jeunes demandeurs de services.
Jour après jour, les équipes ont avancé vers une vision commune de la modélisation : une approche qui dépasse la seule description des dispositifs pour mettre en lumière les pratiques existantes, encourager l’appropriation par les acteurs nationaux, dynamiser les cadres de concertation, et alimenter les politiques publiques grâce à des données et constats remontés du terrain.
La modélisation vise ainsi à accompagner un changement de paradigme : sortir de la logique de substitution pour progresser vers une autonomie institutionnelle, où les États assument pleinement la planification, la budgétisation et la coordination de leurs politiques de réintégration, tout en reconnaissant le rôle des territoires et le potentiel des pratiques endogènes.
Enabel poursuit à travers cet atelier son engagement à promouvoir des approches fondées sur les réalités locales, la participation des acteurs, la compréhension de l’écosystème et la valorisation des dynamiques existantes. Cette semaine de travail collectif a posé les bases d’une méthodologie harmonisée, adaptable et ancrée dans les contextes nationaux, permettant à la fois la modélisation et prototypage des approches régionales et le renforcement des dispositifs de (ré)-intégration dans chaque pays. Une étape décisive vers des solutions plus inclusives, plus cohérentes et plus durables, au service des mobilités humaines dans la sous-région.
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